Vous allez trouver ci-après des textes et des croquis du docteur HOSTIN dont le but est double :
L'idée maîtresse est que les caractères physiques propres au Setter Irlandais ne dépendent ni du hasard, ni de l'arbitraire, ni de l'esthétique, mais, bien au contraire, de la seule et parfaite adaptation à la fonction : celle d'un chien d'arrêt destiné à chercher sur des terrains lourds et couverts un gibier rare dans de vastes espaces.
DÉFINITION - CARACTÈRES GÉNÉRAUX
"Le SETTER IRLANDAIS est un chien d'arrêt à poil long, de type braccoïde, d'aspect plus enlevé que près de terre, inscrit dans un rectangle très proche du carré, d'ensemble sublongiligne, de corps ogival à la coupe, de conformation typiquement galopeuse, de tissus très secs et de robe unicolore "châtaigne fraîche" ou acajou", éventuellement marquée de blanc dans des zones très précises et très limitées".
Quelques points méritent explication :
a) "Braccoïde" :
terme qui situe le chien dans la classification classique de Pierre MEGNIN.
b) "Plutôt enlevé que
près de terre" : termes empruntés à l'Hippologie
Cet aspect "enlevé" ou "près de terre" se définit comme une
impression visuelle : toute question de taille mise à part, l'animal dans son ensemble,
paraît se situer plus ou moins loin du sol.
Mais ATTENTION ! ...
Un seul caractère anatomique, une seule mesure ne peuvent, chez le chien, concrétiser et
expliquer cette impression.
Bien au contraire, celle-ci constitue la résultante de la combinaison de plusieurs
caractères et de plusieurs mesures.
Pourtant, il est vrai qu'en Hippologie -science beaucoup plus ancienne que la cynologie -
un seul caractère et un seul chiffre suffisent à définir et à concrétiser
l'expression : c'est que, chez le cheval, la variance des autres éléments est beaucoup
plus réduite que chez le chien.
Ainsi donc, et le plus simplement du monde, un cheval sera dit plus ou moins "près
de terre" ou "enlevé" selon la valeur du rapport :
Hauteur (maximale) de poitrine (H.P.)
R1= ---------------------------------------
Vide (minimal) sous-sternal (V.S.T.)Plus R1 augmente, plus le cheval est "près de terre"
Plus R1 diminue, plus le cheval est "enlevé"
Rien ne nous empêche d'utiliser chez le chien cette notion classique.C'est ainsi que chez l'IRLANDAIS :
1.30(pour les plus près de terre
ou les moins enlevé)
H.P.
R1 = -------- est compris entre
V.S.S.
1.15(pour les plus enlevés ou les
moins près de terre)
Mais, encore une fois, l'aspect "enlevé" ou "près de terre" est fonction, chez le chien, de bien d'autres facteurs dont l'un, essentiel, est représenté par le rapport entre la longueur et la taille.
C'est pourquoi, pour préciser l'aspect de l'IRLANDAIS, nous dirons qu'il doit être ...
c) "inscrit dans un carré ou du moins dans un rectangle très proche du carré"...inscrit dans un carré : Taille (T) au "garrot" (pointe des omoplates) égale à la longueur (Lo) mesurée de la pointe de l'épaule à la pointe de l'ischion.
T
--- = 1
Lo... ou dans un rectangle très proche du carré : Taille différente de la longueur de 1 ou 2 cm (pas davantage, 2 cm constituant un grand maximum pour les chiens les plus grands)
Dans cette dernière éventualité, deux cas sont possibles :
ou bien Lo> T = le rectangle présente les grands cotés en position horizontale.
ou bien T> Lo = le rectangle présente les grands cotés en position verticale.
En conséquence, pour l'IRLANDAIS, le rapport :Taille (T) 1.03 (les plus "courts")
R2 = ----------------- se situe entre
Longueur (Lo) 0.97 (les plus "longs")
REMARQUE IMPORTANTE
(concernant les alinéa b et c)
Nous avons insisté dans les alinéas précités sur la multiplicité des facteurs qui interviennent dans la détermination de l'aspect plus ou moins "enlevé" ou plus ou moins "près de terre" et en particulier sur l'importance du rapport Taille - Longueur.
Anticipant sur le reste de notre étude et pour en finir avec cette question, nous résumerons dans le tableau suivant
tous les facteurs qui contribuent à donner, dans l'espèce canine, un aspect "près de terre" ou "enlevé"Plus la poitrine est haute
plus l'avant bras est court PLUS LE
Plus le vide sous sternal est réduit
c'est à dire : CHIEN
plus l'humérus est incliné
Plus la longueur dépasse la taille EST PRÈS
Plus la ligne de dessous 'thorax - abdomen)
se relève doucement - tendant à l'horizontale DE TERREAu contraire
Plus la poitrine est réduite en hauteur
plus l'avant bras est long PLUS LE
Plus le vide sous sternal est grand
c'est à dire : CHIEN
plus l'humérus est redressé
Plus la taille dépasse la longueur EST
Plus la ligne de dessous se relève
brusquement, s'éloignant de l'horizontale. ENLEVÉ
Chez l'IRLANDAIS la combinaison de ces différents éléments permet de conclure que "l'IRLANDAIS est moyennement enlevé"
d)
"Sublongiligne" : ce terme situe le chien dans l'échelle des types qui
vont de l'ultra-longiligne (Barzoï) à l'ultra-bréviligne (Bouledogue) en passant par
les médiolignes.
Pour différencier ces types divers, le meilleur critère (parce que le seul mesurable)
nous paraît être celui donné par R. de KERMADEC et concernant les rapports entre les
axes transversaux et les axes longitudinaux.(figure XIII)
Par exemple, chez le longiligne, la poitrine sera relativement beaucoup plus longue (axe
longitudinal) que large (axe transversal).
Au contraire, chez le bréviligne, elle sera, toujours relativement, beaucoup plus large
(axe transversal) que longue (axe longitudinal).
En conséquence :
augmente
Le
type va vers le LONGILIGNE
Lorsque le rapport : AXE LONGITUDINAL
-------------------------
AXE
TRANSVERSAL diminue
Le type va vers le BRÉVILIGNE
e)
"Corps ogival" :la forme du corps, et en particulier de la
poitrine, examinée en coupe frontale, se rapproche beaucoup plus de l'ogive que du
cercle, l'ogive étant placée pointe en bas, la pointe correspondant au sternum de
l'animal.
Ce caractère ogival de la poitrine est d'ailleurs parfaitement logique et en pleine
harmonie avec l'ensemble sublongiligne du sujet.
f)
"De conformation typiquement galopeuse" : Cette conformation
a été essentiellement étudiée chez le cheval. Mais elle est aussi celle de tous les
animaux pour lesquels le vrai galop est une allure fréquente et naturelle.
Elle comporte :
- une certaine longueur
d'encolure,
- une grande oblicité
de l'omoplate,
- un net redressement
de l'humérus, au voisinage de la verticale,
- une grande puissance
de l'arrière-main,
- des jarrets ouverts,
- un dessus solide, ai
rein bien attaché,
- une bonne soudure de
tout l'ensemble. (Figure I et
figure VIII)
LA TÊTE
Ce qui caractérise la tête de l'Irlandais, comme d'ailleurs la tête de
tous les Setters, c'est avant tout son "parallélisme" (Figure
II et Figures III et IV)
Ce parallélisme se décrit vu de profil et vu de dessus.
DE PROFIL : ( Figure I )
- la ligne de crâne
(définie par SOLARO et unissant le bord du sourcil au sommet de la bosse occipitale,
- la ligne de
chanfrein,
- la ligne du bord
inférieur des babines (voir figure II)
... SONT PARALLÈLES ...
N.B. Jusqu'à 5° la divergence des lignes crâne-chanfrein est négligeable; autour de
10° ou plus elle doit être sanctionnée.
DE DESSUS : (figure III)
- les faces
latérales droite et gauche de la boîte crânienne,
- les
zygomatiques droit et gauche,
- les faces
latérales droite et gauche du museau correspondant à la partie antérieure des joues
- les faces
latérales droite et gauche du mufle (voir figure III)
... SONT PARALLÈLES ...
N.B. Ce n'est pas tout à fait vrai pour les zygomatiques qui ne sont jamais strictement
parallèles.
En conséquence, pour reproduire à la manière "cubiste" la tête de
l'Irlandais, il suffirait, schématiquement bien sûr, d'emboîter les uns dans les
autres,des parallélépipèdes rectangles de tailles différentes.
Il faut noter que cette conformation de la boîte crânienne, en ce qui concerne son
squelette osseux est la même dans les 3 variétés de Setters pour lesquelles le
parallélisme constitue un "dénominateur commun"
Il en résulte que les formes des têtes sont semblables dans les 3 variétés; seules
différent les proportions entre "largeurs" et "longueurs", et entre
l'importance de la boîte crânienne par rapport au museau.
C'est ainsi que, des 3 variétés, c'est l'Irlandais qui a :
La tête la plus légère,
La tête la plus longue,
La tête la plus étroite,
Le dôme le plus accentué,
La plus grande longueur de museau par rapport
à la boîte crânienne.
Mais attention : aucun de ces caractères
ne doit être trop marqué sous peine de devenir un défaut.
Il ne s'agit que de simples nuances.
Les différences entre les 3 variétés sont
sans doute plus sensibles au niveau des 3 régions que sont :
L'oeil, l'oreille, la babine.
L'OEIL
L'oeil de l'Irlandais se différencie nettement de celui de ses deux cousins avant tout
par sa taille et par son expression.
Il est nettement plus petit que celui du Gordon et surtout que celui du Setter Anglais.
Lorsqu'il est bien ouvert et vous regarde, il ne doit pas donner l'impression
d'être rond et globuleux (en "boule de loto") ou bien ressembler à un
"bouton de bottine" lorsque, toujours rond, il est cette fois-ci, trop petit et
très foncé.
En réalité, il doit être d'un ovale à peine marqué, sans jamais être franchement
bridé, ce qui est un défaut grave.
Il sera, bien entendu, foncé, sans être franchement noir (le standard dit :
"noisette foncée" ou "brun foncé").
L'expression de l'oeil Irlandais n'a pas, en général, la noblesse accompagnée de
quiétude attentive de celle du Gordon; elle n'a pas non plus la douceur affectueuse
presque constante de l'oeil de l'Anglais.
D'une façon générale elle est plus "sauvage", ce qui ne veut absolument pas
dire peureuse : l'expression peureuse est toujours un défaut.
Le chien étant très vif, remuant, plein de sang, curieux, souvent violent et emporté,
bref, d'une très forte personnalité -et d'une personnalité pas toujours facile à
cadrer- l'expression de l'Irlandais reflète son tempérament.
En accord avec ce tempérament elle sera souvent ardente, sévère, voire agressive.
D'autres fois, lorsque le chien ne connaît pas bien son interlocuteur, l'expression
devient lointaine, hautaine, dédaigneuse : elle semble dire "Je suis un seigneur et
je ne fréquente pas n'importe qui !"
Mais, le chien connaît-il son monde, l'expression devient alors enjouée, confiante et
douce comme celle de tout bon chien qui se respecte.
La richesse et la puissance expressive de l'oeil sont mises en évidence par un
environnement, qui le présente à notre regard comme une bague dans son écrin : le
sourcil est vigoureusement dessiné et s'élève à sa partie interne nettement au-dessus
du stop qu'il domine et dont il semble accentuer le degré; les zones situées
immédiatement au-dessus, au-dessous, et sur le côté externe du globe oculaire, ne sont
pas aplaties et unies, mais au contraire tourmentées de petits creux et de petites
bosses. Toute la région semble "taillée à la gouge". On dit que la région
est très "sculptée". (voir figure II et figures III et IV).
Cette sculpture de la région péri-oculaire ne s'y limite pas. Elle s'étend à toutes
les autres régions du crâne et du museau. Elle est perceptible sur tout le reste du
corps, séparant nettement le tendon de l'os avoisinant, tel muscle de tel autre, telle
région de celle d'à côté.
Cette sculpture, cette sécheresse, encore augmentées par une très grande finesse de
tissu (peau - musculature) et souvent par une certaine maigreur fréquente dans la race,
constituent un caractère spécifique absolument essentiel du Setter Irlandais.
Pour en finir avec l'oeil, ajoutons que l'éclat du regard est encore augmenté par une
pigmentation très noire des paupière : pour qui a su le voir, un bel oeil irlandais ne
s'oublie pas.
Bien entendu pas de conjonctive apparente : défaut grave (tissus mous)
L'OREILLE
Insistons sur deux points particuliers souvent mal appréciés :
1- Elle ne doit pas être trop longue. Le standard dit : " de
taille moyenne". (L'oreille longue est une oreille de pisteur, non de chien cherchant
l'émanation haute). (voir figure II et figures
III et IV).
Tirée (sans forcer) vers la truffe, son extrémité inférieure doit rester à deux ou
trois travers de doigts de l'extrême bout de la truffe.
2- Elle ne doit pas être poilue.
Ceci veut dire que les franges de l'oreille ne doivent s'implanter que sur les deux tiers
supérieurs environ de celle-ci.
Comme elles
doivent rester de longueur modérée, elles ne recouvrent pas ou du moins ne recouvrent
que très incomplètement l'extrémité inférieure de l'oreille qui apparaît ainsi, à
travers elles, comme un petit triangle recouvert de poils ras. Cette extrémité est comme
veloutée au toucher.
Cette répartition des poils sur l'oreille est un de ces petits signes par où se
reconnaît la "race".
Ce petit signe est peut être encore plus constant chez les chiens d'origine travail que
chez les chiens d'origine Exposition (voir figure I - figure II et figure III).
Au contraire, l'oreille poilue dont les longues franges s'implantent sur toute la surface
de l'oreille et dépassent largement son extrémité inférieure, quoique fort prisée du
public, n'est pas la véritable oreille irlandaise.
LA BABINE
La babine de l'Irlandais est "assez carrée" (en anglais "fairly
square").
Cela signifie que la zone où se recoupent une ligne prolongeant vers l'avant le bord
inférieur de la babine et une autre ligne prolongeant vers le bas son bord antérieur est
émoussée. (voir figure II).
Par comparaison, elle est plus émoussée que chez l'Anglais et surtout que chez le
Gordon.
Le tissu des lèvres est très fin. La babine ne ballotte pas du tout, dépassant à peine
la mâchoire inférieure.
De ce fait, la commissure labiale est à peu près invisible.
On peut tolérer, surtout chez les chiennes, un aspect très légèrement pointu du museau
vu de profil, à condition toutefois nous insistons bien, que ce caractère soit très peu
marqué et surtout ne s'accompagne pas, le museau étant vu de dessus, d'un
rétrécissement simultané du mufle.
Ce dernier doit rester bien large, bien "éclaté", avec une grosse truffe bien
ouverte. (voir figure II et figures III
et IV)
On ne peut parler de la babine sans signaler au passage un caractère spécifique de race
à peu près inconnu du public, mais pourtant extrêmement frappant. Nous voulons parler
d'une moustache aux poils extrêmement longs, extrêmement raides et extrêmement mobiles,
s'accompagnant de sourcils du même genre.
Cette moustache est de couleur acajou, parfois noire, quelques fois grise ou blanche.
Elle est toujours indice de "sang bleu" et constitue un "plus"
sensible pour le qualificatif et le classement.
Avant d'en finir avec la tête, signalons deux points importants :
1- Le standard définit la bosse occipitale comme "bien
marquée" : c'est la nuance exacte pour une tête voulue "bien sculptée"
"osseuse". Mais elle ne doit pas être extrêmement accusée : une telle bosse
occipitale est celle d'un pisteur, non d'un chercheur d'émanation haute (voir figure II et figures III et IV).
2- Truffe et chanfrein doivent se situer dans le
prolongement l'un et l'autre et leur direction commune former une ligne strictement
droite. (voir figure II)
Autrement dit pas de chanfrein busqué, pas de truffe affaissée, tombante. Ce sont, là
encore, conformations de chiens pisteurs.
La rectitude absolue de la ligne chanfrein-truffe constitue un "plus" important;
sa convexité (profil busqué) un défaut plus ou moins grave selon son degré :à peine
marqué, il pourra départager les chiens de tête; nettement marqué, il pourra descendre
le qualificatif d'un cran.
L'ENCOLURE
Assez longue, mais pas trop longue (celle d'un sub-longiligne) bien détachée des
épaules. Finement attachée à la tête. Plutôt étroite vue de dessus
("tranchante"). Bord supérieur légèrement arqué, convexe.
Insistons sur trois points souvent mal appréciés :
1- Finesse de l'attache à la tête : sillon net entre la boîte
crânienne et, sur les c^tés, le cou proprement dit; cassure très marquée entre la
bosse occipitale et le bord supérieur convexe; de ce fait crâne et cou semblent
nettement séparés; la jonction semble taillée à la hache. (encore cette sécheresse
déjà signalée). (voir figure II)
2- Sa direction : portée fièrement; très redressée; jamais plus de
30° - 35° par rapport à la verticale chez le chien se présentant de lui-même
(contribution à l'expression "ardente", "sauvage",
"hautaine", déjà signalée (figure I)
3- Sa sécheresse : "gorge nette". Pas de fanon, (le standard
est très net et très précis à ce sujet :"libre de toute tendance au fanon").
Encore et toujours cette recherche de sécheresse... (voir figure I
et figure II).
LA POITRINE
Elle comprend 3 dimensions :
La longueur - la largeur - la hauteur.
1- LA LONGUEUR (autrefois appelée souvent "profondeur"
Se mesure de la pointe de l'épaule (au niveau de l'articulation omoplate-humérus) à la
dernière fausse-côte (début du flanc)
Doit être la plus grande possible avec bon développement des fausses-côtes, et en
particulier de la 13ème. (figure IX)
Dimension souvent mal appréciée, quoique extrêmement importante car conditionnant la
plus longue course possible du diaphragme d'avant en arrière lors de la respiration.
(Ne pas oublier que le chien a une respiration essentiellement
"diaphragmatique").
2- LA LARGEUR: se mesure en trois endroits :
- d'une articulation scapulo-humérale à
l'autre (chien vu de face). cette dimension est nettement réduite par rapport à celle
existant chez les autres variétés de Setters. C' est un caractère de race très
précisément indiqué dans le standard. (poitrine "plutôt étroite de face").
Cette dimension est d'environ 15 - 16 cm pour un sujet de 0,62 m (chien non gras - en
muscles - saillie des hanches visible). Mais cette dimension ne mesure pas la largeur
réelle (voir explication figure X)
- derrière les épaules : La largeur tend à
augmenter 15 - 16 cm environ (ici il s'agit de largeur réelle)
- juste en avant des fausses-côtes : Ici la
largeur atteint son maximum : 19 - 20 cm environ.
La poitrine va donc en s'élargissant progressivement d'avant en arrière : nettement
étroite à l'avant, elle "éclate" davantage à l'arrière.
3- LA HAUTEUR (appelée autrefois "descente de poitrine")
Elle se mesure du "garrot" à la partie la plus basse du sternum.
Elle doit dépasser légèrement (de 15% au moins à 30% au plus) la hauteur du vide
sous-sternal : ainsi chez un chien de 61 - 62 au garrot, cette descente de poitrine sera
de 33 cm au moins alors que le vide sous-sternal (distance entre la partie la plus basse
du sternum et le sol) sera de 28,5 cm; ou, au plus, de 35 cm pour un vide de 27 cm. (voir figure I)
Dans ces proportions, la hauteur de poitrine set suffisante tout en gardant au chien un
aspect "moyennement enlevé".
La conformation de poitrine que nous venons de décrire (très logiquement celle d'un
sublongiligne-galopeur) unit les caractères favorisant la vitesse (étroitesse de face)
à ceux favorisant le fond (hauteur et surtout longueur accompagnées d'une relative
largeur à l'arrière).
AVANT - MAIN (Voir figure I)
I - Tout d'abord, une précision : une omoplate, voulue inclinée,
oblique, est souvent représentée chez le chien comme faisant avec l'horizontale un angle
de 45° : c'est une erreur. Repérée par le relief osseux que constitue "l'épine de
l'omoplate" ou "épine acromiale", cette inclinaison se situe en réalité
autour de 55° à 65°.
II - Un caractère spécifique : le redressement de l'humérus.
Chez un Irlandais se présentant de lui-même, la position de l'humérus se situe dans une
zone comprise entre 0° et 30° par rapport à une verticale abaissée de l'articulation
scapulo-humérale.
Omoplate et humérus sont bien plaqués contre le thorax "placage" favorisé par
la relative platitude du thorax à ce niveau..
Cet assemblage : thorax plutôt étroit, ensemble de l'épaule plaqué, humérus
redressé, favorise le galop à longues foulées dit à "étendue de
contraction".
Cette conformation est donc bien FONCTIONNELLE.
ARRIÈRE - MAIN (Voir figure I)
Insistons sur 4 points :
I - Croupe longue, non avalée : 45° sur l'horizontale, (direction
impérativement définie par une ligne unissant la partie saillante
de l'os iliaque en arrière du rein, d'une part, et la pointe de l'ischion, d'autre part).
II - Longueur de la jambe (tibia - péroné).
Favorise le galop à grandes foulées.
III - Ouverture du jarret
Lorsque le jarret est "bien ouvert", le canon (essentiellement les
métatarsiens) se pose perpendiculairement au sol lorsque le chien se présente de
lui-même en attitude non forcée (ni campé du derrière, ni sous lui derrière). (figure I et figure XII a)
Jarret type de galopeur.
Conformation économisant au mieux la fatigue des tendons et des muscles de la région.
N.B. 1) Le jarret ouvert n'est pas le "jarret droit" - en réalité trop ouvert
par brièveté excessive de la jambe.
Il est le contraire du "jarret coudé" qui dans les conditions indiquées plus
haut, incline le canon vers l'avant. Le jarret coudé ne devient perpendiculaire au sol
que chez le chien "campé de l'arrière-main".(figure XII
- b et c)
2) Il ne faut pas confondre "jarret
coudé", qui est une conformation permanente, et "jarret plié" qui est une
attitude transitoire, (chien rampant ou s'écrasant plus ou moins).
IV - Puissance de l'arrière-main
Arrière main musclée et bien ouverte.
L'arrière-main amincie, plate, sans muscles, serrée au niveau des fesses est un défaut
gravissime, inadmissible chez un galopeur, quelle que soit par ailleurs la beauté du
chien. Peu marqué, ce défaut enlève tout de même "l'excellent". Très
marqué, il ne permet même pas d'accéder au "très bon".
DESSUS (Voir figure I)
La ligne de dessus (ligne de dos suivie de ligne du rein) doit être bien soutenue, très
légèrement arquée mais pas trop (trop arquée, elle évoque la possibilité de sang
"lévrier", tout à fait indésirable).
L'existence d'une légère dépression juste en arrière des pointes des omoplates est
acceptable, et pour tout dire, quasi constante, plus visible chez les sujets maigres. Il
faut la rechercher la moins marquée possible.
Par contre, une cassure à l'union des dorsales et des lombaires est toujours un défaut.
Au classement, un dessus "pas parfait" n'interviendra que pour départager les
meilleurs.
Par contre, un dessus franchement défectueux pourra faire baisser d'un cran le
qualificatif. (question de degré).
ABDOMEN (Voir figure I)
D'importance moyenne.
Ni franchement "levretté". (lévrier).
Ni franchement "ventru"
En réalité "légèrement levretté"
La ligne de dessous, formée par le contour de la poitrine suivie du contour de l'abdomen,
se relève en pente nette, d'avant en arrière. Elle se relève plus que chez l'Anglais.
Elle contribue à donner "l'aspect enlevé"
FOUET (Voir figure I)
Souvent mal apprécié.
Et pourtant .....
Il est un caractère spécifique de race très important.
Un excellent fouet est toujours indice de "sang bleu"
Un excellent fouet accompagne presque toujours un excellent type de chien.
Il ne doit pas ...
- être long (atteignant ou dépassant le jarret)
- et surtout, planté dans le derrière comme un piquet, porté
"gai" et crocheté du bout.
Ces défauts peuvent évoquer l'indésirable rappel de sang
"lévrier".
Il doit :
- être de longueur modérée,
- Avoir exactement la forme de la grande branche (placée presque
horizontalement) du lambda de l'alphabet grec.(l'implantation dans la croupe forme un
angle très obtus sans être plat)
- Être fort à la racine, puis s'effiler finement vers la pointe
- Être porté, selon le standard, "aussi exactement que possible
au niveau de la ligne du dos ou au-dessous d'elle". (figure I et
figure VI)
Le fouet un peu plus long, souvent plus courbé à son extrémité (sans être vraiment
"crocheté") et porté plus bas, sur les jarrets, n'est pas condamnable, mais ne
constitue pas tout à fait l'idéal.
LES TISSUS
Très secs - Très denses - c'est à dire ...
- Peau fine
- Pas lâche
- Au contraire, très tendue sur le squelette qui doit se deviner
facilement sous "la viande", et d'autant plus facilement qu'une certaine
maigreur est naturelle à la race.
- Musculature longue, plutôt plate, dense. L'Irlandais n'est pas un
leveur d'haltères à "bicots", mais un athlète élégant, distingué, et
léger.
LE SQUELETTE
Chien de terrains couverts et fangeux, l'Irlandais doit être léger. (la
"sécheresse" y contribue d'ailleurs).
En fonction de cela, le squelette doit donner l'impression de légèreté sans
donner celle de pouvoir se briser comme verre.
Un chien "puissant" n'est déjà plus tout-à-fait Irlandais.
Un chien "lourd" ne l'est plus du tout.
LE POIL - LA ROBE
"L'Irlandais est un chien à poil ras qui porte des franges" (R. MAUVY).
Cette phrase -qui demeure malgré tout une boutade destinée à frapper l'amateur- veut
indiquer simplement que le poil sur le corps reste assez court.
Les franges : sont de longueur et d'abondance modérée.
Le poil : n'est pas très fin, mais plutôt gros, rude, très raide, serré, jamais
feutré. Il se mouille peu et sèche vite.
Il est absolument plat.
Ondulations et frisures doivent être autant que possible évitées; elles ne sont jamais
recherchées. (Elles ne sont jamais bon signe).
La couleur définie par le standard est celle "de la nuance chaude et dorée d'une
châtaigne" ("Chestnut") elle est brillante.
Cette couleur tire franchement sur le rouge qui est la nuance de la châtaigne
fraîchement décortiquée.
Les amateurs d'Irlande différencient en effet cette nuance d'une autre un peu différente
à laquelle ils l'opposent et qu'ils nomment en anglais "deep colour" (couleur
profonde) ou "dark colour" (couleur sombre). Elle est franchement acajou foncé
("mahogany") Elle n'est apparue que très postérieurement à la première et
aurait été obtenue par des croisements inavoués.
Par la force des choses elle a maintenant acquis droit de cité et ne saurait être
pénalisée tellement elle est fréquente et aussi, disons-le, parce qu'elle est très
belle.
Mais la vérité oblige à dire qu'elle n'est pas la couleur primitive de la race; les
Irlandais, encore une fois, ne s'y trompent pas et distinguent très nettement le
"chestnut" du "mahogany".
Quant au blanc, il est parfaitement admis et n'est qu'un rappel de la variété "red
and white" (rouge et blanche) aujourd'hui pratiquement disparue.
Sa situation et son importance sont bien précisées dans le standard : "du blanc sur
la poitrine, à la gorge, aux doigts, une petite étoile sur le front, ou une bande
(ouflamme) étroite sur le chanfrein ou le museau n'entraînent pas la
disqualification".
Aucune trace de noir n'est admise.
Une couleur très claire, délavée, descendra le qualificatif d'un cran.
Les franges - pattes, cuisses, fouet, oreilles - sont très souvent - presque toujours -
plus claires que le reste de la robe : c'est normal, absolument sans importance et ne doit
pas être pénalisé.
Les franges de la partie supérieure des oreilles peuvent être "argenté
brillant". C'est du plus bel effet, ne saurait être considéré comme un défaut et
se voit souvent chez les chiens très "racés"
MOUVEMENT
Idéalement, le chien marche sur 4 rails.
- 2 correspondant au 2 antérieurs et séparés de 12 cm environ
- 2 autres correspondant aux 2 postérieurs et séparés de 20cm
environ. ( pour un chien de 0,62 m environ).
La foulée, au trot, est allongée lorsque le chien atteint une certaine vitesse.
Le dessus reste horizontal.
Le mouvement est facile, l'épaule "roulant" bien "comme dans du
beurre", les antérieurs et les postérieurs se mouvant dans des plans bien verticaux
: pas de coudes décollés, pas de jarrets trop écartés ou serrés.
Au tout petit galop, lorsque le chien ne pousse pas et "se ballade", le
mouvement des antérieurs paraît raide, piqué. Et il l'est en réalité : cela provient
de la grande ouverture de l'angle scapulo-huméral (dû au redressement de l'humérus); de
ce fait, à cette allure, le couple omoplate-humérus "n'amortit pas". Comme le
cheval au tout petit galop, le chien galope "en raccourci".
Mais l'allure piquée disparaît complètement lorsque le chien "pousse" à fond
: le couple omoplate-humérus s'allonge à fond vers l'avant et le galop devient alors
magnifique, à très grandes foulées.
TAILLE
Aucune taille limite n'a été fixée par le Standard de 1882
C'est probablement qu'il n'y avait à l'époque aucun excès en plus ou en moins.
Il est apparu au Red-Club que déjà depuis des années certains sujets, trop grands ou
trop petits, faisaient courir un vrai danger à la race : le chien d'arrêt
"historique" n'est, par essence, ni un géant ni un nain.
Aussi le Club a-t-il fixé - dans un grand esprit de modération - des limites de taille :
"grands" et "petits" y trouvent leur place, à condition de ne pas
outrepasser celles voulues raisonnables et logiques pour un chien d'arrêt : un trop petit
chien est gêné par l'obstacle, un trop grand porte du poids mort.
Aussi le Club tien à affirmer une fois de plus sa préférence, maintes fois exprimée,
pour les sujets de taille moyenne : 62 - 65 pour les mâles, 59 - 62 pour les femelles.
QUELQUES "TYPES D'ENSEMBLE"
CRITIQUABLES
I - LE TYPE
"STYLISE" : (voir figure IV)
Il est très joli, très élégant, possède tous les caractères spécifiques de race ...
mais ...
... ces caractères sont exagérés, "stylisés" : la
tête est trop longue, le crâne trop étroit, la poitrine trop plate, l'ossature trop
légère.
Le chien est Irlandais. IL L'EST TROP. Selon le degré de stylisation, il méritera ou
sévérité ou indulgence.
II - LE TYPE
"GRAIOÏDE" : (figure XIV -a)
Il est aussi très élégant mais il rappelle le lévrier : axe "crâne -
chanfrein" divergents - oeil oblique - dessus très arqué -thorax étroit - ventre
levretté - fouet long et souvent crocheté.
C'est plus un LÉVRIER QU'UN IRLANDAIS. Ce type, qui rappelle un sang indésirable (le
lévrier est l'antithèse du chien d'arrêt) doit toujours être sanctionné -plus ou
moins selon le degré du défaut- En tout cas, jamais CAC
III - LE
TYPE "DÉCORATIF
C'est un chien souvent esthétiquement très beau, grand ou très grand la plupart du
temps, qui "tape dans l'oeil " du public, qui possède tous les caractères
morphologiques de l'Irlandais, sauf deux, essentiels, qui constituent "l'âme
Irlandaise"
- la légèreté,
- la sécheresse.
La taille est grande, l'ossature lourde, le tissu épais et lâche, le fanon quasi
constant et souvent abondant.
C'est un IRLANDAIS QUI A PERDU SON ÂME.
Type souvent rencontré en Exposition et souvent primé ... faute de mieux, hélas !
Doit être sanctionné ... avec courage !!!
IV -LA TYPE
"COMMUN" (figure XIV -b)
C'est un chien correctement construit au point de vue aplombs, harmonie de l'ensemble,
mais dont les caractères spécifiques de race ne sont pas assez marquées :
l'ensemble est plus "médioligne" que sublongiligne; le thorax est plus
"cerclé" qu "ogival"; les "caractères galopeurs"n ne sont
pas très accusés; la musculature est "ronde".
Au contraire du "Stylisé", c'est un IRLANDAIS QUI NE L'EST PAS ASSEZ.
Il doit rester aux places modestes du TRÈS BON, parfois de l'Excellent lorsque le défaut
est peu marqué; dans ce cas il a droit à une certaine indulgence car c'est un type un
peu "neutre" qui souvent, bien accouplé, reproduit très bien.
V - LE TYPE
"DÉGINGANDE" (figure XIV -c)
Il unit d'excellentes choses à de très mauvaises. De plus, il est toujours "mal
assemblé".
Par exemple : la tête sera bonne mais l'encolure courte avec un fanon important; la
poitrine sera typique, très Irlandaise mais le rein sera long et mal attaché;
l'arrière-main sera puissante mais la croupe sera avalée, avec un fouet long, mal
planté, épouvantable; le mouvement sera mauvais.
C'est un chien MAL ASSEMBLE QUI N'EST BON QUE PAR MORCEAUX.
C'est un chien anti-sportif et comme tel anti-Irlandais.
Il doit être impitoyablement sanctionné.
VI - LE
CHIEN "LONG" (figure VI et VII)
Terme emprunté à l'Hippologie qui oppose le "long" et "l'étendu".
Ainsi le chien long aura :
- une pointe d'omoplate rejetée vers l'avant car l'os n'est pas bien
incliné,
- un rein long,
- une croupe avalée (inclinée à 60° ou davantage) souvent courte.
...
Voilà pour le dessus
- un humérus incliné à 45° - 60° par rapport à la verticale,
prolongé par un antérieur de ce fait rejeté vers l'arrière.
- un membre postérieur rejeté vers l'avant du fait de la direction de
la croupe (chien "sous lui derrière").
- souvent des jarrets coudés.
...
Voilà pour le dessous
Il en résulte que le chien est : long dessus, court dessous.
C'est exactement le contraire pour le chien "étendu" (qui est, lui, sportif et
fait pour galoper) (figure VIII)
Ajoutons à cet ensemble que l'encolure est souvent portée inclinée vers l'horizontale
et non redressée, et le dessus souvent creux.
L'ensemble donne au chien un caractère anti-sportif.
Ce chien est un IRLANDAIS QUI A OUBLIE SES CARACTÈRES GALOPEURS.
Type toujours à sanctionné, mais difficile, souvent, à reconnaître, lorsque le défaut
n'est pas très accusé.(figure VII)
DIVERS
Cryptorchidisme, monorchidisme entraînent le refus de confirmation.
Le prognathisme est toléré jusqu'à 2 mm. Mais il entraîne le refus de CAC. Il doit
être distingué de la mauvaise implantation dentaire (unique ou multiple) : c'est la
longueur des mâchoires qui compte.
Le ladre - très rare - est un défaut qui ne devient grave que si il est étendu
(paupières et truffe).
CONCLUSION
D'abord CHIEN D'ARRÊT, l'Irlandais aura, en tête, les caractères généraux des
braccoïdes d'arrêt.
Chercheur d'ÉMANATION HAUTE il aura, toujours en tête les caractères adaptés à cette
"manière" particulière : profil "parallèle", oreille de longueur
moyenne.
Une loi d'harmonie nuancera lesdits caractères pour les adapter au modèle.
Destiné à galoper vite, loin et longtemps, pour trouver un gibier rare sur de vastes
espaces, l'Irlandais unira, dans sa morphologie corporelle et ses angles articulaires tout
ce qui peut favoriser une telle fonction (forme du thorax, disposition de l'avant et de
l'arrière-main, qualité et puissance musculaire, etc...)
Chien de terrain fangeux et couverts, il sera léger de squelette, sec de tissu,
idéalement moyen de taille.
L'IRLANDAIS EST BIEN UN CHIEN LOGIQUE.
Sa couleur, seule, n'est pas véritablement "fonctionnelle"; mais elle est une
merveilleuse marque de personnalité que nous devons accepter comme un fait dont l'origine
nous est inconnue. Certains estiment que cette couleur, peu voyante pour un chien de
chasse, constitue un avantage : cela ferait moins peur au gibier...